1er mai 2024 : Un appel renouvelé pour l’emploi, la paix et la démocratie en vue d’une prospérité partagée.

Mots Clés : Déclarations Droits humains & syndicaux Paix & Sécurité

A l’occasion de la commémoration de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, l’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale, la CSI-Afrique (https://www.ituc-africa.org/) unit les voix de plus de 18 millions de membres déclarés dans 52 pays africains pour saluer toutes les travailleuses et tous les travailleurs africains et du monde entier pour leurs services inestimables et leurs sacrifices, ainsi que pour leurs contributions inlassables et immenses à la productivité, à la prospérité et au progrès.

Nous rendons un vibrant hommage aux travailleuses et travailleurs qui ont succombé aux pressions et aux mauvaises conditions de travail. Nous exprimons nos condoléances et notre profonde sympathie à toutes les personnes qui ont perdu leurs soutiens de famille, leurs pères, leurs mères, leurs soeurs, leurs frères, leurs compagnons et leurs confidents. Que leurs âmes reposent dans la paix éternelle.
Cette année, la CSI-Afrique a choisi de placer la célébration de la Journée internationale des travailleuses et travailleurs sous le thème "Un appel renouvelé pour l’emploi, la paix et la démocratie en vue d’une prospérité partagée". Ce thème résume les revendications et les aspirations urgentes des travailleuses et travailleurs africains. Il est donc approprié que nous fassions écho aux voix et aux préoccupations de nos membres à travers le continent et que nous attirions l’attention des principaux acteurs du continent sur des alternatives pragmatiques qui résoudraient les problèmes.

Un bref rappel des enjeux
Des rapports récents de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement ont mis en évidence les défis auxquels est confronté le marché du travail africain. L’emploi informel reste très répandu, plus de 70 % des travailleurs d’Afrique subsaharienne étant employés dans le secteur informel. L’informalité profonde et persistante perpétue l’instabilité économique et prive les travailleuses et travailleurs de protection sociale et de conditions de travail décentes.

De plus, l’insuffisance de la création d’emplois aggrave la situation des jeunes Africains, qui sont confrontés à des taux de chômage et de sous-emploi excessivement élevés. La population jeune du continent, qui connaît une croissance rapide, devrait doubler d’ici 2045 et nécessite une attention immédiate pour éviter d’aggraver la pauvreté et les inégalités sociales.

Comme vous le savez, la pandémie de COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités existantes, en particulier pour les femmes et les jeunes, qui ont été les plus touchés par le chômage, les pertes d’emploi et la réduction du temps de travail. La lenteur de la reprise menace de prolonger leurs difficultés économiques et d’empêcher leur participation active au marché du travail.

Le marché du travail mondial est entré dans la quatrième révolution industrielle (4IR), tirée par la technologie, l’innovation, l’invention et l’intelligence artificielle (IA). La réponse timide de notre continent au numérique 4.0, comme en témoigne le sous-investissement dans la recherche et le développement (R&D) ainsi que dans les infrastructures scientifiques et technologiques, doit être revitalisée.

De plus, la prolifération des guerres civiles et des conflits violents perpétrés par des groupes criminels et extrémistes, les changements anticonstitutionnels de gouvernement, l’émergence d’une classe politique et d’une élite kleptomanes qui prennent l’État en otage, la paranoïa à la tête de l’État, la faiblesse ou l’absence de l’État de droit et les cas de mauvaise gouvernance constituent des menaces majeures pour le bien-être, la sécurité et les droits des travailleuses et des travailleurs. La persistance de ces vices, partout et à tout moment, déclenche, approfondit et perpétue l’instabilité politique, sociale et économique. Sans stabilité politique, sociale et économique et sans respect des droits de l’homme, les travailleuses et les travailleurs deviennent vulnérables à l’exploitation et à la violence.

Le manque d’efforts et de mesures pour combler les écarts entre les hommes et les femmes sur le marché du travail contribue à la vulnérabilité et met en péril les droits et la dignité des femmes, ce qui est très préoccupant.

A la lumière de ces défis pressants, nous présentons les demandes urgentes et les alternatives suivantes qui requièrent une attention immédiate et conséquente de la part des gouvernements africains. Ces demandes et alternatives consistent notamment en ce qui suit :

1. Investir dans l’éducation, la formation et la protection sociale pour améliorer l’employabilité et garantir une main-d’oeuvre qualifiée. Nous demandons instamment la mise en oeuvre de politiques et de programmes de protection sociale qui soient disponibles, inclusifs et accessibles à toutes les catégories de travailleuses et de travailleurs afin de protéger et d’améliorer leur bien-être et leur qualité de vie. Des efforts conjoints pour réduire les flux financiers illicites (FFI) ainsi que l’utilisation responsable et la gestion transparente de la dette peuvent améliorer le financement de l’éducation et de la protection sociale.

2. Elaborer et mettre en oeuvre des politiques et des programmes novateurs visant à combler l’écart entre les hommes et les femmes sur le marché du travail et à améliorer la gouvernance du marché du travail afin de garantir la promotion de l’égalité des chances pour les femmes.

3. Renouveler notre engagement à promouvoir les idéaux de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption en établissant et en faisant respecter l’État de droit, en traduisant les auteurs de crimes en justice et en imposant des sanctions efficaces pour prévenir l’impunité.

4. Développer une architecture de sécurité humaine basée sur l’investissement dans les services aux personnes et aux communautés, avec des mécanismes d’alerte précoce, de détection, de prévention, de gestion et de dissuasion des conflits, afin de garantir la paix et la sécurité et de protéger les droits et la sécurité des travailleuses et des travailleurs.

5. Renouveler notre engagement à la mise en oeuvre effective des dispositions des constitutions nationales, de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des Conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour garantir les libertés civiles, y compris les droits à la liberté d’association, à la négociation collective, à l’expression, à la liberté de réunion et à la sécurité des conditions de travail.

6. Accepter et s’engager à mettre en place, à faire fonctionner et à utiliser des mécanismes et des processus de dialogue social inclusifs pour résoudre les conflits du travail et poursuivre le développement d’initiatives pragmatiques d’édification de la nation.

7. Ratifier le protocole de l’Union africaine (UA) sur la libre circulation des personnes afin de protéger les droits des travailleuses et travailleurs migrants et de faciliter leur circulation en Afrique. Cela contribuera à la mise en oeuvre effective de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Si les gouvernements africains prennent ces propositions au sérieux, ils pourront promouvoir une croissance inclusive, réduire la pauvreté et créer un avenir meilleur pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs et des populations du continent.

Signé par le Camarade Akhator Joel Odigie, Secrétaire Général de l’Organisation Régionale Africaine de la Confédération Syndicale Internationale (CSI-Afrique).

Fait à
Lomé, Togo, le 1er mai 2024.
Le Secrétaire Général
Akhator Joel ODIGIE

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