La pandémie de la C0VID-19 frappe de plein fouet les activités économiques de tous les pays du monde, en particulier des pays en développement comme le Bénin. Ce ralentissement économique s’accompagne d’une évolution des relations de travail avec des mesures restrictives prises par les gouvernements qui mettent à rude épreuve les droits du travail. Le salaire, principal contrepartie de l’effort du travailleur subit une pression très forte due à l’augmentation des prix sur beaucoup de produits de consommation.
Au Bénin, malgré les mesures « sociales » prises par le gouvernement pour atténuer les effets de cette pandémie, les travailleurs ont du mal à joindre les deux bouts avec des salaires déjà très bas avant la crise et qui peinent à s’améliorer depuis le début de la crise. Dans ce contexte, il est important qu’un dialogue social soit ouvert entre les différentes parties prenantes à savoir le patronat, les syndicats et le gouvernement pour analyser l’urgence et les modalités du relèvement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) au Bénin en vue de soulager les travailleurs. Très présente dans les actions en faveur du dialogue social et de l’employabilité des jeunes au Bénin, avec le soutien de son partenaire la CNV Internationaal, la COSI Bénin conduit depuis quelques temps des actions de plaidoyer en direction des organisations patronales et du gouvernement avec des résultats probants.
L’intersyndicale et le patronat discutent, les lignes bougent …
Rencontre d’échange entre l’intersyndicale et la CONEB
En marge des actions de son Programme de co-financement syndical 2021-2025, la COSI Bénin a initié, en synergie avec les organisations syndicales membres de l’intersyndicale des actions en faveur du relèvement du SMIG au Bénin. Dans un premier temps, les leaders syndicaux de l’intersyndicale ont été formés le 16 juillet 2021 sur les déterminants et l’historique du SMIG au Bénin ainsi que sur l’analyse des éléments de contexte socio-économique national pouvant justifier une augmentation du salaire minimum au Bénin. Ainsi outillés, les membres de l’intersyndicale composée des délégués des centrales/confédérations syndicales à savoir la COSI Bénin, la CSPIB, la CSUB, la CGTB, l’UNSTB et la CSA Bénin ont ensuite tenu des séances d’échanges avec les responsables des organisations patronales du Bénin dont la Confédération Nationale des Employeurs du Bénin (CONEB) et le Conseil National du Patronat (CNP) en vue de trouver un consensus sur cette question. Au terme des discussions, il apparait clairement que les deux organisations patronales partagent la même vision de principe que l’intersyndicale sur l’idée d’analyser les conditions d’un relèvement du SMIG. Reste à inscrire ce processus dans un mécanisme formel pour qu’un accord soit trouvé.
Les discussions se poursuivent dans les instances du dialogue social
Le principe de relèvement du SMIG est acquis aujourd’hui au Bénin entre les organisations syndicales, patronales et le gouvernement. Les organisations syndicales et patronales du Bénin travaillent à présent à trouver un accord formel sur les conditions de relèvement du SMIG au Bénin afin de soulager la peine des travailleurs. Le gouvernement a créé à cet effet un comité technique d’analyse des conditions de revalorisation dont les résultats seront présentés dans les discussions lors des négociations de dialogue social. La première séance formelle de négociation a eu lieu le jeudi 09 mars 2022 et même si les syndicats se disent encore insatisfaits, des propositions ont été faites qui permettront de prendre en compte les intérêts de chaque partie. Il y a quelques mois faut-il le rappeler, le gouvernement du Bénin à travers son porte-parole avait montré sa disponibilité à accompagner un tel processus si un accord minimum était trouvé entre le patronat et les représentants des travailleurs. « Si la décision est prise à ce niveau, il n’y a aucune raison de ne pas l’appliquer », avait en effet laissé entendre Wilfried Léandre HOUNGBEDJI interrogé au sujet de l’augmentation du SMIG. Rappelons aussi que le Chef de l’Etat avait affirmé, lors de son discours d’investiture du second mandat qu’il entendait placer ledit mandat sous le sceau du « hautement social ». Les prochaines séances sont attendues dans un bref délai.
Calixte ADIYETON
Chargé de programme COSI Bénin