Le 1er mai, une date emblématique célébrée à travers le monde, a revêtu une importance particulière pour la CSI-Afrique cette année. Sous le thème "Un appel renouvelé pour l’emploi, la paix et la démocratie en vue d’une prospérité partagée", l’organisation a placé le cœur de ses revendications au centre de cette commémoration.
Dans un monde où l’emploi informel demeure prédominant, touchant plus de 70% des travailleurs en Afrique subsaharienne, la CSI-Afrique a souligné l’importance cruciale de garantir des conditions de travail décentes et de protection sociale pour tous les travailleurs. Avec un accent particulier sur la jeunesse africaine, confrontée à des taux de chômage et de sous-emploi alarmants, l’appel à l’investissement dans l’éducation et la formation résonne comme une nécessité impérieuse pour assurer une main-d’œuvre qualifiée et compétente.
Mais la commémoration de cette année n’a pas seulement porté sur les défis économiques. La CSI-Afrique a également mis en lumière les menaces persistantes pour la paix et la démocratie en Afrique, allant des conflits violents aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, en passant par la corruption endémique. Ces maux, souligne la CSI-Afrique, sapent non seulement la stabilité politique et sociale, mais compromettent également les droits et la sécurité des travailleurs, les exposant à l’exploitation et à la violence. “La prolifération des guerres civiles et des conflits violents perpétrés par des groupes criminels et extrémistes, les changements anticonstitutionnels de gouvernement, l’émergence d’une classe politique et d’une élite kleptomane qui prennent l’État en otage, la paranoïa à la tête de l’État, la faiblesse ou l’absence de l’État de droit et les cas de mauvaise gouvernance constituent des menaces majeures pour le bien-être, la sécurité et les droits des travailleuses et des travailleurs”. A déclaré le Secrétaire Général de la CSI-Afrique, le Camarade Akhator Joel Odigie
Face à ces défis, la CSI-Afrique a présenté un ensemble de demandes urgentes et d’alternatives concrètes à l’endroit des gouvernements africains. Il s’agit de :
1. Investir dans l’éducation, la formation et la protection sociale pour améliorer l’employabilité et garantir une main-d’œuvre qualifiée.
2. Élaborer et mettre en œuvre des politiques et des programmes novateurs visant à combler l’écart entre les hommes et les femmes sur le marché du travail et à améliorer la gouvernance du marché du travail afin de garantir la promotion de l’égalité des chances pour les femmes.
3. Renouveler notre engagement à promouvoir les idéaux de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption en établissant et en faisant respecter l’État de droit, en traduisant les auteurs de crimes en justice et en imposant des sanctions efficaces pour prévenir l’impunité.
4. Développer une architecture de sécurité humaine basée sur l’investissement dans les services aux personnes et aux communautés, avec des mécanismes d’alerte précoce, de détection, de prévention, de gestion et de dissuasion des conflits, afin de garantir la paix et la sécurité et de protéger les droits et la sécurité des travailleuses et des travailleurs.
5. Renouveler notre engagement à la mise en œuvre effective des dispositions des constitutions nationales, de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des Conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour garantir les libertés civiles, y compris les droits à la liberté d’association, à la négociation collective, à l’expression, à la liberté de réunion et à la sécurité des conditions de travail.
6. Accepter et s’engager à mettre en place, à faire fonctionner et à utiliser des mécanismes et des processus de dialogue social inclusifs pour résoudre les conflits du travail et poursuivre le développement d’initiatives pragmatiques d’édification de la nation.
7. Ratifier le protocole de l’Union africaine (UA) sur la libre circulation des personnes afin de protéger les droits des travailleuses et travailleurs migrants et de faciliter leur circulation en Afrique. Cela contribuera à la mise en œuvre effective de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
En mettant en avant ces demandes, la CSI-Afrique a appelé les gouvernements africains à prendre des mesures immédiates et conséquentes pour garantir un avenir meilleur pour tous les travailleurs et toutes les populations du continent. Car, comme le souligne le Secrétaire Général de la CSI-Afrique, le Camarade Akhator Joel Odigie, "sans stabilité politique, sociale et économique et sans respect des droits de l’homme, les travailleuses et les travailleurs deviennent vulnérables à l’exploitation et à la violence".