L’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (www.ituc-africa.org) se joint [fièrement] à la communauté internationale pour célébrer les femmes de notre continent à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes (JIF) de cette année. Nous reconnaissons et saluons avec gratitude les contributions inestimables de celles qui constituent le pilier essentiel de nos vies, de nos économies, de nos familles et de nos communautés, en particulier nos mères, nos sœurs, nos tantes, nos filles et toutes les travailleuses.
Cette année, nous célébrons la Journée Internationale des Femmes sous le thème “Pour toutes les femmes et toutes les filles : Droits. Egalité. Autonomisation.”
Les femmes sont confrontées à de multiples crises résultant notamment des conflits violents, des catastrophes climatiques, des flux financiers illicites, du fardeau croissant de la dette, d’un financement insuffisant de la protection sociale, des ralentissements économiques, de la pauvreté et de la participation limitée des femmes aux discussions économiques. Chaque femme et chaque fille mérite de vivre à l’abri de la discrimination, de la violence et de l’exploitation. Elles ont le droit et doivent bénéficier d’un accès garanti à l’éducation, à des salaires équitables, aux soins de santé et à une protection contre les violences fondées sur le genre.
En Afrique, l’insécurité demeure l’un des défis les plus pressants pour les femmes et les filles. Les conflits violents, les insurrections extrémistes et l’instabilité politique les affectent de manière disproportionnée, les exposant à des violences fondées sur le genre, au déplacement forcé et à la précarité économique. Dans de nombreuses zones de conflit, elles subissent des violences sexuelles, des déplacements forcés et la perte de possibilités économiques, ce qui aggrave leur vulnérabilité. Il est urgent de renforcer les mécanismes de protection, de garantir l’accès à la justice et de promouvoir la participation pleine et entière des femmes aux efforts de consolidation de la paix et de résolution des conflits.
L’inflation continue d’avoir un impact disproportionné sur les femmes dans les économies africaines. En tant que principales pourvoyeuses de soins et constituant une part essentielle de la main-d’œuvre dans l’économie informelle, elles subissent de plein fouet l’augmentation des prix des denrées alimentaires, le coût élevé des soins de santé et la baisse des salaires réels. L’inflation accentue la pauvreté et l’insécurité alimentaire, poussant davantage de femmes et de filles vers des emplois précaires. Les gouvernements doivent prendre des mesures décisives pour stabiliser les économies et mettre en place des politiques qui protègent les femmes contre les chocs économiques.
Les flux financiers illicites (FFI) privent l’Afrique de ressources vitales qui pourraient autrement financer des services essentiels tels que la santé, l’éducation et les programmes de protection sociale, indispensables aux femmes et aux filles. La perte de milliards de dollars chaque année en raison de l’évasion fiscale, de la corruption et du blanchiment d’argent compromet directement l’accès à ces services essentiels, qui jouent un rôle clé dans l’autonomisation et la valorisation des femmes. La CSI-Afrique exhorte les gouvernements africains à prendre des mesures décisives pour endiguer les FFI et réorienter ces ressources vers le renforcement des services publics bénéficiant aux femmes et aux filles.
Le thème de cette année souligne l’urgence d’accélérer les progrès vers un monde où toutes les femmes et toutes les filles, quel que soit leur milieu, leur statut social ou leur lieu de résidence, puissent pleinement jouir de leurs droits humains fondamentaux, atteindre une véritable égalité des genres et accéder à des opportunités qui les autonomisent [et les valorisent].
Cette année revêt une importance particulière, car nous célébrons le 30ᵉ anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Ce document historique a révolutionné l’agenda mondial des droits des femmes en renforçant la protection juridique, en élargissant l’accès aux services essentiels et en transformant les normes sociales. Pourtant, malgré ces avancées, les inégalités persistantes continuent d’entraver la pleine réalisation des droits des femmes et des filles, en particulier en Afrique.
La CSI-Afrique réaffirme son engagement indéfectible en faveur des droits des femmes et de la construction d’une société où chacun peut vivre et travailler dans la dignité, à l’abri de la discrimination et de la violence. La CSI-Afrique exhorte les États africains à adopter et à faire respecter des lois strictes contre la violence fondée sur le genre, notamment en ratifiant et en mettant en œuvre la Convention récemment adoptée par l’Union africaine sur l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles, ainsi que la Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Nous saluons l’Union africaine pour l’adoption historique de la Convention sur l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles. Nous nous engageons à plaider pour la mise en œuvre et l’application effectives de cet instrument continental majeur afin de prévenir et d’éradiquer toutes les formes de violence contre les femmes et les filles, que ce soit dans les foyers, les lieux de travail ou les communautés. Nous devons autonomiser les femmes et les filles en leur fournissant les outils, les connaissances et la confiance nécessaires pour façonner leur propre avenir.
De plus, des systèmes de protection sociale solides sont essentiels pour garantir la sécurité économique et la dignité des femmes et des filles. L’accès aux soins de santé universels, à la protection de la maternité, au soutien de la garde d’enfants et à la sécurité du revenu à un âge avancé est fondamental pour faire progresser l’égalité des genres. La CSI-Afrique exhorte les gouvernements à augmenter de manière significative les investissements dans les programmes de protection sociale, en veillant à ce que toutes les femmes, en particulier celles travaillant dans l’emploi informel et précaire, bénéficient d’une couverture adéquate. L’élargissement de la protection sociale permettra de réduire les effets néfastes de l’inflation, des chocs économiques et de l’insécurité sur les femmes et leurs familles.
A travers l’Agenda de transformation de genre, la CSI-Afrique et ses affiliés s’engagent activement à démanteler les barrières structurelles qui entravent l’égalité des genres sur le lieu de travail et dans la société en général. Nous restons déterminés à collaborer avec nos alliés pour faire progresser les objectifs de l’Agenda du Travail Décent (ATD) dans l’économie des soins et à ancrer une approche transformatrice en matière de genre au sein des syndicats, des lieux de travail et des communautés.
Par ailleurs, la CSI-Afrique exhorte tous les acteurs à prendre des mesures décisives pour transformer les engagements de la Déclaration de Beijing en réalités concrètes pour les femmes et les filles en Afrique et dans le monde.
Vive les femmes !
Joyeuse Journée internationale des femmes !
Fait à Lomé, le 8 mars 2025