L’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique), représentant plus de 18 millions de travailleurs à travers le continent, exprime sa solidarité indéfectible avec le ZCTU (Zimbabwe Congress of Trade Unions) dans son opposition de principe à toute tentative de modification de la Constitution nationale du Zimbabwe visant à prolonger le mandat présidentiel.
Partout sur le continent, les travailleuses et travailleurs africains affirment avec constance que la démocratie et le constitutionnalisme sont les fondements de la paix, de la justice et de la prospérité partagée. De la même manière que nous rejetons fermement les interventions militaires dans la gouvernance civile, nous dénonçons également les « coups d’État civils », c’est-à-dire les situations où des dirigeants cherchent à contourner ou à manipuler la Constitution nationale pour rester au pouvoir. Nous condamnons également toutes les tentatives visant à museler les voix dissidentes, à fausser les processus électoraux ou à organiser de fausses élections destinées à consolider un régime autoritaire. Ces actes, qu’ils soient commis par la force des armes ou par la tromperie politique, trahissent la volonté du peuple et sapent les acquis démocratiques durement conquis par les sociétés africaines.
Nous saluons les dirigeants africains qui ont su résister à la tentation, aux pressions et aux sollicitations visant à modifier les limites de leur mandat ou à manipuler la Constitution à des fins personnelles. Ces dirigeants incarnent l’esprit d’homme ou de femme d’État, gardiens de la démocratie constitutionnelle, et méritent le respect ainsi que d’être cités en exemple par les générations futures.
Cependant, nous devons également dénoncer et condamner ceux qui ont choisi la voie opposée, à savoir démanteler l’ordre constitutionnel et affaiblir les institutions démocratiques dans le seul but de se maintenir au pouvoir. De tels actes sapent la gouvernance, polarisent les sociétés et exposent les nations à l’instabilité, à l’insécurité et au déclin économique.
L’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique) se joint au ZCTU pour exhorter les citoyens africains, la société civile et le mouvement syndical à rester vigilants et déterminés pour défendre l’intégrité de leurs constitutions. Les sociétés qui progressent sont celles gouvernées par la primauté du droit et non par la loi de la force. Lorsque les constitutions sont foulées aux pieds, la démocratie s’éteint — et avec elle s’évanouissent les espoirs des travailleuses et travailleurs d’obtenir un travail décent, la justice sociale et un développement équitable.
Nous appelons donc tous les États membres de l’Union africaine, les communautés économiques régionales et les partenaires mondiaux à réaffirmer le caractère sacré de l’ordre constitutionnel et à promouvoir une gouvernance démocratique, responsable et redevable, comme piliers indispensables de l’agenda de transformation de l’Afrique.
La démocratie ne doit jamais être une question de convenance, mais une question de conviction.
Akhator Joel Odigie
Secrétaire général, CSI-Afrique
Lomé, Togo