Le Bureau Exécutif National de la Confédération Nigérienne du Travail (CNT) ; s’est réunit en session extraordinaire avec l’ensemble des syndicats affiliés le mardi 1er Mars 2016 ; à l’effet d’examiner la situation sur les libertés syndicales d’une part et la situation politique de notre pays d’autre part.
Après une analyse approfondie, le BEN/CNT rend publique la déclaration dont la teneur suit :
Considérant les différentes conventions de l’OIT ratifiées par l’Etat du Niger, notamment les conventions 87 et 98, respectivement portant sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical ; et le droit d’organisation et de négociation collective ;
Considérant la constitution du 25 Novembre 2010 en son article 34 qui reconnait le droit de grève ;
Considérant le crédo de la CNT « le dialogue social » ;
Considérant la situation politique actuelle du Niger ;
Le Bureau Exécutif National de la CNT rappelle :
I. Des violations des libertés syndicales
Au delà des différentes pressions déjà exercées sur les affiliés de la CNT dans le cadre de la lutte syndicale par le pouvoir, dont des licenciements et radiations qui trainent encore devant les juridictions compétentes en la matière, les locaux de la CNT viennent d’être investis par la police en violation des franchises syndicales.
En effet, suite à la grève des Contrôleurs Aériens du Niger, le vendredi 26 février 2016 l’Ancien Médiateur de la République avait entrepris des démarches de conciliation entre l’Etat du Niger - l’ASECNA et le Syndicat des Contrôleurs Aériens du Niger (SYCAN), dont les membres se sont toujours acquittés de leurs taches avec professionnalisme malgré leur sous-effectif.
Non contents d’avoir investis le siège du SYCAN pendant quelques jours avec un important nombre de forces de l’ordre, qu’elle ne fût notre surprise lorsqu’ aux environs de 11h 20, au moment où les membres du SYCAN attendaient le Médiateur de la République Cheffou Amadou, dans la salle de réunion de la CNT, des éléments de la Police Judiciaire armés jusqu’aux dents, à bord de trois véhicules avaient fait irruption dans nos locaux en violation des franchises et sans mandat aucun. Ils avaient fait embarquer une dizaine de camarades qui étaient présents, y compris le secrétaire général adjoint de la CNT chargé de conduire la délégation syndicale (qui a pour sa part été interpelé brièvement) avant de conduire les autres à la Police judiciaire.
Ces derniers avaient été libérés après avoir séjourné quelques heures à la PJ avant d’être présentés au procureur de la République.
Au vu de la gravité des actes posés le BEN/CNT rappelle au Gouvernement que le siège de la CNT n’est pas une base arrière de boko haram :
1. Condamne avec fermeté la violation inédite des franchises syndicales dans un Etat de droit ;
2. Exige de la Direction de la Police Nationale des excuses publiques pour le tord causé au mouvement syndical nigérien, sans préjudice de poursuite pour ce précédent dangereux ;
3. Se réserve le droit de porter plainte contre l’Etat du Niger au Bureau International du Travail BIT pour violation grave des libertés syndicales ;
4. Réaffirme avec force que la CNT a toujours obtenu des acquis pour ses militants dans le cadre du dialogue social qu’elle a privilégié à la confrontation, et ne saurait accepter ces actes de provocations d’où qu’ils viennent ;
5. Fustige et condamne les actes de certains responsables de l’ASECNA, qui au mépris des conventions internationales, des lois et règlements de la République du Niger se sont acharnés sur nos militants en les suspendant de leurs fonctions, alors même que nos cadres se sont illustrés positivement dans cette multinationale qui a d’ailleurs été dirigée par un cadre nigérien ;
6. Rappelle que le Niger n’est pas une République bananière encore moins une jungle ;
7. Demande à toutes les organisations syndicales de se mobiliser pour défendre les acquis obtenus de hautes luttes ;
8. Exige l’ouverture immédiate et sans conditions des négociations entre les différents partenaires et ses syndicats affiliés en mouvement notamment le SYCAN et le SYNACEB pour une stabilité du front social.
II. De la situation politique du pays
Le BEN/CNT se réjouit de l’organisation des élections législatives et présidentielles 1er tour du 21 février 2016 dans la quiétude, malgré la forte mobilisation des citoyens au niveau des bureaux de vote. C’est le lieu de féliciter le peuple Nigérien pour sa maturité et son sens élevé de patriotisme.
Malheureusement, depuis la proclamation des résultats globaux provisoires par la CENI, certains hommes politiques et autres internautes propagent des propos ethniques ou régionalistes sur des médiats et autres réseaux sociaux.
Ces comportements d’un autre siècle ne sauraient être tolérés par les Nigériens avertis et jouissant de leur faculté morale.
Le BEN/CNT rappelle une fois encore à ces apatrides que le Niger est un et indivisible.
Enfin, le Bureau Exécutif de la CNT tout en demandant à ses militantes et militants de se mobiliser pour les luttes futures ; demande au peuple nigérien de cultiver la paix, l’unité nationale et promouvoir nos valeurs traditionnelles.
– Vive la CSI
– Vive le Mouvement Syndical Nigérien ;
– Vive la CNT
– Que Dieu protège le Niger et son peuple.
– La lutte est permanente.