WASHINGTON, DC (5 août 2014) – L’AFL-CIO et des syndicats africains ont exhorté les dirigeants des USA et de l’Afrique à adopter un programme de travail décent pour le commerce et la croissance économique, où la création de bons emplois qui respectent les droits des travailleurs et assurent la protection sociale entraînera une plus grande prospérité partagée. Les dirigeants syndicaux ont exprimé ces points de vue hier dans le cadre d’un atelier du Sommet officiel des dirigeants des USA et de l’Afrique consacré au travail et aux priorités des dirigeants africains et des USA.
Les discussions entre experts ont souligné le fait que les travailleurs et leurs familles ne profitent pas de la prospérité bien que bon nombre de pays d’Afrique sub-saharienne enregistrent une croissance économique considérable grâce aux exportations de pétrole et de ressources minérales, à l’émergence du secteur textile et à l’augmentation des investissements étrangers. Dans de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne, la majorité des travailleurs travaillent dans l’économie informelle (ce qui les rend vulnérables aux chocs économiques) sans protection sociale et sans une possibilité réelle de faire une transition vers un emploi formel. Ces conditions ont créé un cercle de pauvreté qui date de plusieurs générations.
Sahra Ryklief, Secrétaire général des Associations de la Fédération internationale de l’éducation ouvrière (Afrique du Sud) a demandé : « Pourquoi promouvons-nous le travail décent ? Nous promouvons le travail décent parce que si nous ne le faisons pas, ce sera catastrophique. La vie d’un travailleur qui n’a pas un revenu constant est précaire. Et en Afrique, 80 pour cent de la population – dont un grand nombre de femmes — a un emploi informel. Ces personnes sont tellement nombreuses qu’elles sont désormais connues sous le nom de ‘précariat’.
Pour lutter contre ce problème et les inégalités flagrantes qu’il engendre, Kwasi Adu-Amankwah, Secrétaire général de l’Organisation Régionale Africaine de la Confédération Syndicale Internationale, a préconisé des stratégies focalisées d’industrialisation des économies nationales et de création de meilleurs emplois dans le secteur formel. Des moyens de subsistance formels qui assurent des salaires réels et un niveau de vie décent, a-t-il affirmé, sont importants pour l’émergence des travailleurs pauvres. En outre, la richesse générée grâce à des niveaux élevés de croissance économique au cours de la décennie écoulée doit être réinvestie dans le peuple africain à travers des institutions sociales fortes et des investissements dans les travailleurs au moyen de programmes efficaces de formation.
L’atelier a soumis 10 recommandations aux gouvernements et sociétés civiles africains et des USA, qui seront au menu des discussions entre les Chefs d’Etat et les ministres des Finances présents au sommet. Entre autres recommandations :
– Les institutions publiques et privées doivent être responsables de l’inclusion de la société civile dans les processus de prise de décisions économiques et du respect du dialogue social et des droits des travailleurs dans les politiques et les faits.
– Les gouvernements africains doivent adopter des stratégies de croissance économique axées sur l’emploi, où la création d’emplois décents – associés aux droits au travail, au dialogue social et à la protection sociale – développe la capacité de production des citoyens à assurer une croissance inclusive.
– Le gouvernement des USA doit activement mobiliser le soutien international à un partenariat global pour le développement (Objectif 8 de l’Objectif de développement post-2015) qui inclurait des objectifs tels le plein-emploi et le travail décent, notamment les droits fondamentaux des travailleurs, les socles de protection sociale, l’égalité entre hommes et femmes et une croissance économique inclusive et durable.
– Le commerce et l’investissement doivent soutenir la création du travail décent, et les instruments comme l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) doivent être mis à jour de façon à assurer des processus plus efficaces de détermination de l’’éligibilité’ des pays, notamment le respect des droits des travailleurs.
La rencontre – « Promouvoir le travail décent : Les priorités des dirigeants des USA et de l’Afrique, de la société civile et des parties prenantes du secteur privé » — était une manifestation officielle de la société civile dans le cadre du sommet. Elle a fait intervenir :
• Christopher Lu, Sous-Secrétaire américain chargé du travail ;
• Steven Feldstein, Adjoint à l’Adjoint au Secrétaire d’Etat, Département d’Etat des USA, Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail ;
• Kwasi Adu-Amankwah, Secrétaire général de l’Organisation Régionale Africaine de la Confédération Syndicale Internationale ;
• Eric Biehl, Adjoint associé au Sous-Secrétaire des Affaires internationales, Ministère du travail des USA, Bureau des Affaires internationales du travail ;
• Sahra Ryklief, Secrétaire général des Associations de la Fédération internationale de l’éducation ouvrière ; et
• Sabina Dewan, Présidente Directrice exécutive de Just Jobs Network.
La liste définitive des recommandations sera rendue disponible bientôt. Pour suivre la façon dont les droits des travailleurs sont abordés par les Chefs d’Etat présents au Sommet de l’Afrique, consultez www.aflcio.org ou Twitter@AFLCIOGlobal.
Traduction CSI-Afrique