AFRICAN REGIONAL ORGANISATION OF THE
INTERNATIONAL TRADE UNION CONFEDERATION Creating a better world for workers in Africa and beyond

L’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique www.ituc-africa.org) félicite chaleureusement le gouvernement et le peuple du Burkina Faso pour leur décision audacieuse et progressiste d’instaurer un régime d’exemption de visa pour les Africains.

Cette mesure historique ne se limite pas à une simple réforme administrative ; elle incarne une politique centrée sur les peuples et donne une expression concrète à la vision d’intégration de l’Afrique. En supprimant les obstacles à la libre circulation des Africains, le Burkina Faso accélère le commerce intra-africain, approfondit l’intégration régionale et renforce l’esprit panafricain. Il s’agit également d’un acte fort de décolonisation des frontières africaines, qui restaure la dignité et la fierté des Africains aspirant à se déplacer, à travailler et à vivre librement sur leur propre continent.

Il est important de souligner que cette initiative constitue un levier direct pour la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Pour que la ZLECAf soit un succès, la libre circulation des biens et des services doit impérativement s’accompagner de la libre circulation des personnes. Les travailleurs, les entrepreneurs et les professionnels sont les véritables détenteurs de compétences, de savoirs et d’innovations. Leur mobilité est essentielle pour bâtir des industries compétitives, élargir les marchés et créer des emplois décents. Sans la possibilité pour les travailleurs de se déplacer librement, la promesse de la ZLECAf restera inachevée.

Du point de vue des travailleurs, le régime d’exemption de visa favorise :

la mobilité du travail, en permettant aux travailleurs transfrontaliers, aux commerçants et aux professionnels d’accéder aux opportunités avec moins de restrictions ;

l’échange de connaissances et de compétences, en facilitant la circulation des talents africains là où ils sont le plus nécessaires ;

le travail décent et la concurrence loyale, en posant les bases de l’harmonisation des normes du travail dans le cadre des protocoles de la ZLECAf.

la restauration de la dignité, en affirmant le droit des Africains de démanteler les frontières coloniales obsolètes imposées en 1884 et de reconquérir leur liberté de mouvement sur leur propre continent.

La CSI-Afrique invite donc les autres gouvernements africains qui n’ont pas encore supprimé les restrictions de visa à suivre l’exemple du Burkina Faso. Nous devons progresser vers un continent où les Africains ne rencontrent plus d’obstacles prohibitifs et dégradants lorsqu’ils souhaitent se rendre visite, travailler ou faire des affaires entre eux.

Là où des procédures de visa subsistent encore comme mesure transitoire, celles-ci doivent être numérisées, efficaces et abordables. Aucun Africain ne devrait payer plus d’un dixième du salaire minimum de son pays pour obtenir un visa. De telles réformes sont essentielles pour garantir l’inclusivité et l’équité, et pour éviter que la mobilité ne devienne le privilège de quelques-uns.

La décision du Burkina Faso illustre avec éclat ce qu’il est possible de réaliser lorsque les gouvernements placent les peuples et les travailleurs au centre de leurs politiques. Elle renforce les fondements mêmes de la ZLECAf et ouvre la voie à un avenir dans lequel les travailleurs africains pourront se déplacer librement et dans la dignité pour contribuer au développement du continent.

La CSI-Afrique est déterminée à travailler avec l’Union africaine, les gouvernements et les organisations progressistes de la société civile panafricaine pour garantir que la mobilité du travail et les droits des peuples et des travailleurs soient solidement ancrés au coeur de la ZLECAf. L’heure de l’Afrique a sonné ; il est urgent de poursuivre sans relâche l’unité de son peuple.

Signé à Lomé, Togo, le 25 septembre 2025
Akhator Joel Odigie
Secrétaire général, CSI-Afrique