Les Egyptiens retournent à la place Tahrir
Les Egyptiens retournent à la place Tahrir
Les Egyptiens retournent à la place Tahrir
Les manifestants retournent sur la place Tahrir au Caire pour mettre la pression sur l’armée au pouvoir. Ils soupçonnent les militaires de vouloir éviter un procès au président déchu, Hosni Moubarak Faut-il risquer une confrontation avec l’armée? Le débat agite depuis plusieurs jours les Egyptiens alors que les groupes de jeunes révolutionnaires et la plupart des mouvements d’opposition appellent aujourd’hui à revenir sur la place Tahrir, lieu emblématique du soulèvement populaire contre Hosni Moubarak, pour une «deuxième révolution». Leur cible: la junte au pouvoir, accusée de trahir l’esprit de la révolution en tardant à traduire en justice les symboles de l’ancien régime, et en perpétuant certaines de ses méthodes, comme le procès de manifestants devant des tribunaux militaires au nom de la loi d’urgence. L’appel à ce nouveau «vendredi de la colère» sur Tahrir est né de la libération, la semaine dernière, de Suzanne Moubarak, l’épouse du président déchu, et d’une rumeur selon laquelle l’ensemble de sa famille pourrait être amnistié en échange d’excuses publiques et de la restitution des fonds détournés pendant les trente ans de règne de l’ancien raïs – on parle de dizaines de milliards de dollars.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir a aussitôt démenti cette information. Placé en détention provisoire depuis mi-avril, Hosni Moubarak, 83 ans, est officiellement hospitalisé à Charm el-Cheikh. Son état de santé ne permettrait pas son transfert vers la prison de Tora, près du Caire, où ses deux fils, Gamal et Alaa, sont incarcérés. Cette semaine, le procureur général a annoncé que le président déchu et ses fils seraient bien jugés pour corruption et dilapidation de fonds publics. Hosni Moubarak devra aussi répondre de «meurtre avec préméditation» pour avoir donné l’ordre de tirer sur les manifestants pendant la révolution. Même si le Parquet a promis de fixer la semaine prochaine une date pour le début du procès, les Egyptiens soupçonnent toujours l’armée de vouloir éviter à Hosni Moubarak, «héros» de la guerre de 1973 contre Israël, une humiliation publique. Certains n’y sont d’ailleurs pas très favorables. «Il n’a pas fait que des choses négatives. Grâce à lui, l’Egypte a connu trente ans sans guerre, et la croissance économique atteignait 7% ces dernières années», argumente Rami, un étudiant qui a participé depuis la révolution à plusieurs manifestations de soutien à l’ancien raïs. Beaucoup s’interrogent aussi sur l’opportunité de risquer un bras de fer avec l’armée alors que de nombreux Egyptiens, préoccupés par la crise économique, l’insécurité et les tensions confessionnelles, s’avouent à bout de nerfs.
Les Frères musulmans, qui viennent de fonder leur parti et préparent déjà activement les élections législatives prévues pour septembre prochain, ont d’ailleurs adopté une stratégie opposée en se dissociant de la manifestation.