AFRICAN REGIONAL ORGANISATION OF THE
INTERNATIONAL TRADE UNION CONFEDERATION Creating a better world for workers in Africa and beyond

Monsieur le Président,
Au nom de l’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique www.ituc-africa.org), nous souhaitons exprimer notre solidarité indéfectible avec le mouvement syndical indépendant de Biélorussie et faire part de notre vive inquiétude face à la répression croissante et continue des droits syndicaux dans votre pays.

Au cours des dernières années, la communauté internationale a observé avec consternation la dissolution systématique des syndicats indépendants par les autorités biélorusses, l’emprisonnement et l’exil des dirigeants syndicaux, ainsi que la persécution injuste de nombreux travailleurs et militants, notamment par des détentions arbitraires, des harcèlements et des tortures. La désignation des syndicats comme des organisations « extrémistes » et les procès engagés pour des motifs politiques portent atteinte non seulement aux libertés fondamentales, mais aussi au tissu social sur lequel reposent le travail décent et la démocratie.
De telles actions constituent une violation manifeste des normes internationales du travail, y compris les Conventions 87 et 98 de l’Organisation internationale du travail (OIT) que la Biélorussie a ratifiées. Elles contreviennent également aux principes inscrits dans la Constitution de l’OIT ainsi que dans la Déclaration sur les principes et droits fondamentaux au travail. La récente décision de l’OIT d’invoquer l’article 33 de sa Constitution, un mécanisme exceptionnel et puissant, souligne la gravité de ces violations.

Depuis l’Afrique, nous sommes pleinement conscients du lien essentiel entre les droits des travailleurs, la gouvernance démocratique et le progrès social. A travers notre continent, comme en Biélorussie, les syndicats ont toujours été des acteurs centraux dans la défense de l’espace civique, la promotion du développement inclusif et la responsabilisation des gouvernements. Lorsqu’on attaque les syndicats indépendants, ce ne sont pas seulement les travailleurs qui en souffrent, mais l’ensemble des sociétés sont fragilisées.
Par conséquent, nous appelons le gouvernement biélorusse à :

1.libérer immédiatement tous les syndicalistes emprisonnés et abandonner toutes les charges politiquement motivées à leur encontre ;

2. rétablir le statut légal des syndicats indépendants et mettre fin à toutes les formes d’intimidation, de harcèlement et de surveillance ;

3. s’engager dans un véritable dialogue avec les représentants des travailleurs et à respecter pleinement ses obligations en vertu du droit international du travail ;

4. accorder aux organisations internationales du travail, y compris l’OIT et la CSI, un accès sans entrave pour observer et rendre compte de l’application des droits des travailleurs en Biélorussie.

Monsieur le Président, nous souhaitons réitérer que le syndicalisme n’est pas une menace et que les syndicats ne sont pas les ennemis de l’État ou du peuple, comme le présente votre gouvernement. Au contraire, le syndicalisme est un pilier essentiel de la paix sociale et de la démocratie. Les syndicats sont des partenaires du progrès, des moteurs du changement positif et de la prospérité. Criminaliser la voix collective des travailleurs ne conduira pas à la stabilité, mais la respecter et la renforcer est un autre moyen d’y parvenir.

Monsieur le Président, en tant que CSI-Afrique, représentant des millions de travailleurs à travers le continent africain, nous sommes pleinement solidaires de nos frères et soeurs biélorusses. Nous soutenons leur droit à s’organiser librement, à négocier collectivement et à vivre sans crainte pour leur sécurité. Nous exhortons votre gouvernement à inverser la tendance et à mettre fin à toutes les actions portant atteinte à la liberté d’association, et à promouvoir l’inclusion, le dialogue et la recherche de consensus. Nous ne cesserons pas de faire entendre nos voix pour garantir la protection des droits des travailleurs et des syndicats en Biélorussie. Nous appelons votre gouvernement à défendre une véritable démocratie en éliminant tous les obstacles à l’exercice des libertés civiles.

Nous vous prions, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de notre haute considération.
Le Secrétaire Général de la CSI-Afrique
Akhator Joel Odigie