L’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique www.ituc-africa.org), représentant 18 millions de travailleuses et travailleurs dans 52 pays africains, condamne avec la plus grande fermeté le licenciement de plus de 800 employés de la raffinerie Dangote Petroleum au Nigeria pour avoir exercé leur droit fondamental à l’adhésion syndicale.
La CSI-Afrique considère la raffinerie Dangote comme un symbole du progrès, de l’ambition industrielle et de la marche du continent vers la souveraineté énergétique. Les travailleurs africains sont prêts à soutenir la raffinerie pour qu’elle atteigne ces objectifs, et nous sommes convaincus que sa main-d’oeuvre, en particulier une main-d’oeuvre organisée et responsabilisée, sera essentielle à son fonctionnement et à sa réussite. Il est donc profondément ironique et totalement inacceptable que la raffinerie Dangote s’oppose aux efforts des travailleurs de s’organiser pour défendre leurs intérêts communs, qui sont directement alignés sur le succès de la raffinerie.
Nous sommes particulièrement préoccupés par le licenciement de travailleurs ayant choisi d’adhérer à la Petroleum and Natural Gas Senior Staff Association of Nigeria (PENGASSAN). Cette action constitue une violation flagrante des droits des travailleurs et est fermement condamnée. Le licenciement massif des membres de la PENGASSAN constitue non seulement une atteinte à la Constitution nigériane, mais contrevient également aux principes de pratiques commerciales responsables.
Il ne fait aucun doute que le licenciement massif opéré par la raffinerie Dangote contrevient aux obligations du Nigeria en matière de protection des droits humains et des droits des travailleurs, telles qu’énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans plusieurs Conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), notamment la Convention 87 (Liberté syndicale), la Convention 98 (Droit d’organisation et de négociation collective) et la Convention 111 (Non-discrimination). Ces instruments garantissent qu’aucun travailleur ne soit sanctionné pour sa participation à des activités syndicales. Les agissements de la direction de Dangote sont contraires à ces obligations et doivent faire l’objet d’un rappel à l’ordre.
La CSI-Afrique est également préoccupée par le fait que la raffinerie Dangote ait mobilisé les médias traditionnels et les réseaux sociaux contre les travailleurs qui cherchent à faire respecter et à préserver leurs droits. Nous assistons à une campagne médiatique coordonnée présentant de manière injuste les travailleurs et les syndicats comme des saboteurs, entravant le bien-être du peuple, le progrès du Nigeria et le développement national.
Nous souhaitons souligner que les actions actuelles de la raffinerie Dangote constituent une menace sérieuse pour la démarche collective de l’Afrique vers une industrialisation durable. Cette appréciation repose sur nos observations de longue date des opérations du Groupe Dangote, qui se sont souvent caractérisées par un comportement de type monopole et une réticence persistante à tolérer ou à permettre l’existence d’organisations de travailleurs. Le public nigérian et africain doit être conscient que le Groupe Dangote applique cette même approche dans d’autres régions du continent, faisant preuve d’une résistance systématique et d’une opposition brutale aux travailleurs souhaitant rejoindre des syndicats afin de protéger et défendre leurs intérêts collectifs.
Nous appelons donc la raffinerie Dangote à cesser toute intimidation infondée à l’égard des travailleurs et des syndicats, et à arrêter de les présenter comme des saboteurs de ses opérations. De telles affirmations sont irresponsables, irréfléchies et puériles. Tout en réaffirmant notre engagement indéfectible à défendre, soutenir et promouvoir la souveraineté énergétique du continent et la prospérité partagée, nous ne permettrons pas que ces ambitions soient compromises par des pratiques monopolistiques incontrôlées ou par l’abus des droits des travailleurs.
La CSI-Afrique demande donc :
1. La réintégration immédiate de tous les travailleurs concernés ;
2. Des excuses publiques accompagnées de garanties claires contre toute future victimisation ;
3. La mise en place d’une enquête indépendante impliquant le ministère du Travail, l’OIT et les parties prenantes concernées.
Le respect des droits des travailleurs n’est pas optionnel : il constitue un pilier des pratiques commerciales responsables et une condition préalable au développement véritable. Une raffinerie de cette envergure ne peut prospérer par la répression ; elle doit s’appuyer sur le dialogue social et un travail décent.
La CSI‑Afrique exhorte le Groupe Dangote à revenir sur ces licenciements et à collaborer avec les syndicats pour promouvoir la sécurité énergétique et la prospérité du Nigeria et de l’Afrique. À défaut d’agir, la CSI‑Afrique mobilisera ses affiliés et partenaires pour défendre les travailleurs nigérians et protéger l’intégrité de la trajectoire de développement durable de l’Afrique.
Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre tous ! La dignité des travailleurs ne sera pas sacrifiée.
Publié le 1er octobre 2025 à Lomé (Togo)
Le Secrétaire Général
Joel Akhator ODIGIE