L’Ile Maurice est une nation insulaire de destination touristique de 1,2 million d’habitants. Le coronavirus est entré sur l’île le 18 mars 2020. Au 14 mai 2020, le pays avait enregistré 332 cas confirmés avec 322 guéris et 10 décès. Le gouvernement du Premier ministre Pravind Jugnauth a comparé à juste titre l’émergence de la pandémie à une « situation de guerre » et a annoncé des mesures pour maîtriser le virus et aussi pour atténuer l’impact de la crise sur la population.
Mesures de santé publique
10 semaines de confinement du 20 mars au 4 mai 2020. Le confinement a été prolongée jusqu’au 1er juin 2020. Il est prévu un assouplissement du confinement dans certains secteurs économiques qui reprendront les activités à partir du 15 mai 2020. Les travailleurs de ces secteurs se verront délivrer un permis d’accès à leur lieu de travail. Le confinement a conduit à la fermeture de l’aéroport et des ports maritimes, des écoles, à l’imposition d’un couvre-feu, à la restriction de la circulation des personnes, à la mise en quarantaine de personnes originaires de pays touchés par le coronavirus (plus de 2 000 personnes mises en quarantaine dans des établissements publics et des hôtels privés), au dépistage et à la recherche de personnes contacts (identification des personnes qui ont été en contact avec des personnes infectées) et au traitement. Ces mesures visaient à créer une distanciation sociale et empêcher la propagation du virus.
Par souci du respect de la distanciation sociale et afin que les gens puissent continuer par s’approvisionner en biens et services essentiels pendant que le confinement restait en vigueur, les habitants étaient autorisés à faire leurs achats les jours attribués en fonction de la première lettre de leur nom de famille. Ainsi ceux dont les noms de famille commencent par A-F font leurs courses le lundi et le jeudi, G-N le mardi et le vendredi et O-Z le mercredi et le samedi. Les magasins sont fermés le dimanche.
Mesures fiscales
• Afin de promouvoir le télétravail, le gouvernement a mis en place un système de réduction d’impôt qui confère aux employeurs une double déduction fiscale pour les émoluments payables à leur personnel travaillant à domicile et un crédit d’impôt de 5% sur l’acquisition du système informatique. Ces mesures sont disponibles jusqu’au 30 juin 2020.
• Les entreprises peuvent également bénéficier de certaines déductions fiscales améliorées pour les installations et machines acquises au cours de la période du 1er mars 2020 au 30 juin 2020.
Mesures de relance économique -
• La Banque centrale a octroyé aux ménages touchés par le COVID -19 un moratoire de six (6) mois sur les remboursements du capital de leurs prêts personnels existants à compter du 1er avril 2020. Les groupes à faible revenu verront la Banque de Maurice prendre en charge les intérêts dus sur leurs prêts personnels en cours auprès des banques commerciales jusqu’en juin 2020.
• La Banque de Maurice a supprimé les frais de guichet automatique partagés et a continué par maintenir un approvisionnement suffisant en billets de banque aux guichets automatiques des banques commerciales
• Le non-renouvellement des taxes de circulation et de l’assurance automobile ne sera pas appliqué pendant un mois. Les taux de facturation d’électricité ont également été réduits pour les groupes à faible revenu et les petites entreprises.
• La BOM (Bank of Maurice) a initié un accord de swap USD / MUR avec des banques commerciales pour un montant initial de 100 millions USD afin de permettre aux banques commerciales de soutenir les entreprises axées sur l’importation, à l’exception de la State Trading Corporation qui traitera directement avec la Banque de Maurice pour ses opérations en devises étrangères jusqu’à nouvel ordre.
Mesures liées à l’emploi
Les mesures relatives à l’emploi ont été élaborées en tenant compte de la loi de 2019 sur les droits des travailleurs.
• Les établissements publics et privés ont été encouragés à autoriser leurs travailleurs, en particulier les prestataires de services non essentiels, à faire du télétravail.
• Des permis COVID-19 d’accès au travail ont été délivrés aux personnes clés de toutes les organisations qui ont besoin d’accéder à leur lieu de travail.
• Les travailleurs ne doivent pas être contraints de travailler. Pour les travailleurs des services essentiels, les employeurs doivent leur fournir un équipement de protection individuelle.
• Les travailleurs ne devraient pas subir de baisse de salaire pendant la période de confinement dû au COVID-19. Toute entreprise incapable de faire face à sa masse salariale peut demander une subvention d’aide salariale. Cette subvention salariale permet d’alléger le coût salarial pour le mois de mars, qui va de 15 jours de masse salariale de base à 12 500 MUR (environ 312 USD) par employé.
• Les travailleurs du secteur informel, en particulier les travailleurs indépendants non enregistrés auprès de l’administration fiscale, se sont vu promettre 50% du salaire minimum en vigueur s’ils s’inscrivaient (en ligne) auprès de l’administration fiscale pendant le confinement dû au COVID-19.
• Le gouvernement autorise les employés qui se retrouvent temporairement sans emploi en raison de la crise à accéder au centre d’assistance aux secteurs prioritaires. Les personnes qualifiées sont les travailleurs du secteur des voyages et du tourisme, les entreprises exportatrices, le secteur des TIC / BPO, les PME et d’autres secteurs de l’économie qui peuvent apporter des contributions au produit intérieur brut (PIB).
Quelques lacunes dans les mesures nationales de confinement du COVID-19 -
Certaines entreprises qui engageaient des travailleurs migrants n’avaient pas grand-chose pour leur payer leur salaire et leur fournir des EPI. Ces cas annulent l’engagement du gouvernement de veiller à ce qu’aucun travailleur ne subisse de perte de salaire.
Certaines des lacunes des mesures adoptées comprennent :
• L’accès général aux stimulants fiscaux fournis par le gouvernement a non seulement porté préjudice aux nécessiteux mais a également aiguisé l’appetit les gourmands.
• Alors que les travailleurs, les syndicats et le gouvernement s’efforçaient de contenir le virus, une section du monde organisé des affaires était en train de prendre des mesures pour saper la loi sur les droits des travailleurs de 2019 sous prétexte que ses dispositions contribueraient à l’effondrement des entreprises.
• Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de processus de dialogue social permettant une consultation et un engagement commun dans la lutte contre le COVID-19.
Contribution des syndicats au confinement dû au COVID-19 et voie à suivre
Les syndicats se sont efforcés de faire en sorte que leurs membres et le grand public se concertent pour garantir que chacun reste en sécurité et en vie en tenant compte des conseils officiels de santé et en respectant les mesures annoncées. Cela a été fait principalement par le biais de la communication sur les médias sociaux. Les médias sociaux et Internet ont également été utilisés de manière interactive avec les membres du syndicat. Ces médias ont été utilisés pour compiler les griefs découlant du télétravail.
Certains de ces doléances ont été des charges de travail plus lourdes envoyées à des heures indues, des installations Internet inadéquates pour entreprendre des tâches et même des visites à domicile inopinées de superviseurs qui portent atteinte à la vie privée, familiale et sociale des travailleurs.
Les syndicats mauriciens semblent avoir accepté le fait que la FMH est une réalité émergente du monde du travail et est appelée à devenir populaire à l’avenir. Ils ont déjà développé des positions syndicales qu’ils voudraient que les employeurs et le gouvernement prennent en considération pour une législation pertinente.
Les syndicats semblent également prêts à poursuivre leur intérêt pour des amendements à la loi de 2005 sur la sécurité et la santé au travail qui comprendraient de nouvelles dispositions pour l’accès des travailleurs aux installations d’hygiène sur les lieux de travail.
Il est à noter que les syndicats mauriciens ont été vigilants et actifs dans la protection des droits humains et du travail des travailleurs, y compris des travailleurs non syndiqués et migrants. Un exemple est le geste de solidarité du Syndicat des travailleurs de la construction de Maurice (CMWEU) et du CTSP qui sont venus en aide à 144 travailleurs migrants indiens non rémunérés, employés par Swadeshi Pvt Ltd, une entreprise de construction indienne en île Maurice. Les travailleurs étaient vulnérables au COVID-19 car ils se plaignaient de ne pas avoir reçu d’EPI pour se protéger. En réponse, les syndicats ont distribué des kits d’hygiène aux travailleurs le 17 avril 2020.
Les syndicats mauriciens ont fait de gros efforts pendant cette période de crise qu’ils doivent consolider et développer. Une plus grande cohésion entre les différentes centrales syndicales nationales et des efforts renouvelés pour travailler ensemble ne peuvent que renforcer l’unité des travailleurs et leur possibilité d’exercer une plus grande influence sur l’orientation des politiques économiques et sociales nationales. Les défis de la survie des travailleurs dans le cadre de la crise COVID-19 et les exigences de reprise nécessiteront une organisation et une représentation plus solides des travailleurs. Les dirigeants syndicaux d’aujourd’hui devraient assumer leurs responsabilités et répondre au besoin urgent de mettre en place un front uni qui est nécessaire pour protéger les droits des travailleurs de manière durable et faire en sorte que nos pays puissent faire les progrès nécessaires qui profiteraient à tous.