Le Soudan du Sud, la plus jeune république d’Afrique, compte environ 11 millions d’habitants et d’immenses ressources naturelles. Il se remet d’une longue guerre civile de près de sept ans après la séparation du Soudan. Il a souffert de déstabilisation, de rébellions et de milices et est marqué par des infrastructures médiocres et des systèmes de santé manifestement inadéquats. Le récent accord entre le gouvernement de Juba et les forces de l’opposition dirigées par Riek Machar promet une plus grande stabilité à l’avenir.
Le Soudan du Sud, où la présence des Nations Unies est importante, avec son personnel et ses forces de maintien de la paix entrants et sortants et avec de nombreux membres du monde des affaires ayant des interactions régulières avec le monde extérieur, semble paradoxalement avoir été épargné pendant un certain temps par rapport aux pays voisins.
Néanmoins, le pays n’a pas attendu la confirmation du premier cas pour mettre en place des mesures restrictives. Le président de la République Salva Kiir Mayardit a mis en place un groupe de travail de haut niveau sur COVID-19, présidé par le premier vice-président, Riek Machar, pour coordonner la réponse nationale sur COVID-19. Il est devenu le 51e pays africain à signaler un cas d’infection à coronavirus et a déclaré son premier cas le 5 avril 2020, alors que ses mesures étaient déjà en place depuis le 14 mars.
Mesures de prévention et restrictions
Le Sud Soudan a commencé le 14 mars par suspendre tous les vols en provenance des pays touchés par le Coronavirus, et progressivement entre le 20 et 25 Mars 2020 mettras en place d’autres mesures en les durcissant au fur et à mesure que le nombre de cas s’accroissaient, notamment ;
• Fermeture de toutes les écoles et universités
• Interdiction de tous rassemblements sportifs, sociaux, politiques et religieux ;
• Décret d’un couvre-feu de 20.00 à 6.00 pendant 6 semaines et qui seras ultérieurement durcit pour commencer à 19h.
• Fermeture des restaurants sauf pour des plats à emporter ;
• Interdiction aux motos taxi “Bodaboda” de transporter des passagers,
• Suspensions des vols intérieurs entre la capital Juba et les états et entre états, ainsi que plus tard tous les transports publics et privés par voie terrestres ;
• Interdiction de voyager pour tous les officiels ;
• Mise en quarantaine de tous les diplomates et autres citoyens et résidents autorisés à rentrer au pays ;
• Fermeture des frontières exceptés pour les transports cargos et transport des produits alimentaires ;
• Campagne intensive sur l’hygiène individuelle, réduction des contacts humains, maintien de la distanciation sociale sur le lieu de travail .
Comme dans certains autres pays, la mise en œuvre de ces mesures n’a pas été facile. Malgré les mesures punitives mises en place, il y a eu des cas évidents de non-respect et de méfiance de la part de la population. Un incident important a été signalé dans les médias le 27 mars 2020, où des centaines de personnes dans le nord du Haut-Nil se sont échappées d’un centre de quarantaine du district de Renk. Environ 500 Sud-Soudanais ont traversé la frontière vers le Soudan voisin.
Il y a également eu des cas aux frontières, en particulier avec l’Ouganda où l’équipement de test n’était pas disponible et d’autres cas de difficultés pour obtenir des échantillons à tester à Juba, la capitale, en raison de problèmes de transport.
Cependant, l’impact négatif en termes d’accès aux produits de première nécessité résultant des mesures a été minime. Cela peut être dû au fait que le pays bénéficie toujours du soutien des Nations Unies et des organisations humanitaires.
En outre, le gouvernement a mis en place un système de suivi et d’appui aux mandants dans la gestion de la réponse.
Le Ministère de l’éducation générale du Soudan du Sud a également lancé une initiative louable, impliquant un programme d’enseignement à distance de cours essentiels tels que l’anglais, les mathématiques et les sciences pour les élèves des écoles primaires et secondaires. Ces cours devaient être diffusés sur les stations de radio et de télévision nationales.
Intervention syndicale
Parmi les mesures proposées en faveur des travailleurs, figure celle relative à une journée de travail de quatre heures avec plein salaire. Cette mesure a été adoptée par le ministère du Travail, qui fait partie du groupe de travail présidé par le vice-président de la République.
La Fédération des syndicats de travailleurs du Soudan du Sud (SSWTUF) a indiqué que le syndicat collabore avec les ministères du Travail et de la Santé et participe à la prise et au suivi des décisions qui ont été prises pour lutter contre la propagation du COVID-19.
En partenariat avec les établissements de santé et les ONG locales, le syndicat sensibilise les travailleurs une heure par jour via la station de radio officielle. Le SSWTUF est convaincu que le gouvernement fait de son mieux dans les limites des ressources disponibles et du soutien des partenaires au développement.
Avant la crise sanitaire, cependant, les salaires des fonctionnaires avaient été gelés pendant six mois
Conclusion
Depuis le 7 mai, le Soudan du Sud a commencé à assouplir les restrictions, malgré l’augmentation du nombre de cas dans le pays. Au 25 mai, 655 cas avaient été confirmés avec 6 guerisons et 8 décès.
Il convient de noter en particulier le rétrécissement du couvre-feu ; la reprise des activités des bars et restaurants ; l’autorisation de transporter des passagers sur des motos ; et l’ouverture de magasins, conformément aux mesures de distanciation sociale, et de port obligatoire de masques.
L’assouplissement des restrictions peut être un moyen d’apaiser la population, qui n’appelait pas seulement à une reprise normale des activités, mais aussi à la poursuite de la reconstruction nationale dans le contexte de l’accalmie entre les milices.
Au Soudan du Sud, l’économie est principalement basée sur le pétrole qui a posé de nombreux défis ces derniers temps. Les opportunités de collaboration et de mobilisation nationale qu’offre la crise devraient être mises à profit. La chance que le SSWTUF a eue en se joignant pour prendre des décisions sur la réponse nationale à COVID-19 et en surveillant leur mise en œuvre devrait être utilisée par les partenaires sociaux pour renforcer le dialogue social afin que la voix des travailleurs puisse figurer dans la prise de décision nationale. Cela peut également aider le Soudan du Sud à consolider sa stabilité après une guerre civile prolongée et à jeter les bases de ses progrès pacifiques.