Découverte du COVID-19 après un décès
Le peuple soudanais, après des mois de protestations soutenues dans les villes et rues du pays en 2019, s’est débarrassé avec succès du président Omar Ahmed al-Bashir dans une révolution non armée. Le pays s’installait progressivement dans son progrès pour consolider la révolution lorsqu’il a été perturbé par l’apparition du coronavirus. Précisément le 13 mars 2020, le Soudan a signalé son premier cas du nouveau coronavirus. Le cas confirmé était un homme qui était le 12 mars. Il aurait visité les Émirats arabes unis au cours de la première semaine de mars. Au 11 mai 2020, le Soudan rapportait 1.365 cas confirmés de Covid-19 ; 70 morts et 149 guéris.
Pour endiguer la marée et le rythme d’infection au COVID-19, le gouvernement de transition du
Soudan a adopté les mesures suivantes :
Mesures de santé publique
• La création de l’Équipe spéciale de haut niveau pour COVID-19 ;
• Le couvre-feu initialement instauré dans tout le pays qui sera plus tard en avril transformé en une imposition totale de confinement.
• Les écoles, les salles de sports les centres de loisirs et religieux fermés.
• Tous les aéroports et frontières fermés.
• Interdiction de voyages interurbains, en particulier vers Khartoum, qui est la ville avec le plus grand nombre de cas d’infection ; des centres de quarantaine et d’isolement ont été créés pour empêcher les personnes de retour de lieux / territoires fortement infectés, ainsi que les personnes connues pour avoir été en contact avec des cas confirmés.
• Le Conseil des ministres a décidé de donner des pouvoirs supplémentaires aux ministres de la santé dans les Etats pour faire face à la pandémie de coronavirus. Une reconnaissance doit être accordée aux comités techniques du Ministère de la santé pour s’occuper des aspects techniques de la lutte contre la pandémie.
Mesures économiques
• Un plan de relance économique à financer à hauteur de 120 millions de dollars a été annoncé.
• Jusqu’à présent, le secteur privé national s’est engagé à contribuer 2 millions de dollars pour aider le gouvernement ; le gouvernement a réaffecté 3 millions de dollars et l’ONU et les partenaires internationaux devraient faire un don de 9 millions de dollars.
• Le gouvernement américain a également annoncé un don de 8 millions de dollars, tandis que l’Union européenne a annoncé un programme de soutien de 70 millions d’euros.
• Le ç avril, la Banque de Développement Islamique s’est engagée à fournir 35 millions $ au Soudan, tandis que la Banque mondiale a également annoncé un programme de 35 millions $ US de ses fonds d’affectation spéciale au siège.
• Pour atténuer l’impact négatif sur les ménages et les entreprises, spécialement en raison des couvre- feux et du confinement destinés à accélérer la distanciation sociale et la baisse de la courbe de l’ infection, le gouvernement a envisagé de renforcer le filet de sécurité sociale en augmentant le transfert direct en espèces est principalement aux ménages et personnes indigents, fournir des prestations de chômage et fournir des paniers alimentaires de base aux familles pauvres à des prix réduits. Ces mesures devraient coûter environ 1,5 milliard de dollars sur trois mois.
• Le ministère de la Santé rapporte également que 30 milliards du financement des ODDs (5 40,8 millions de dollars) ont été alloués pour empêcher l’effondrement du système de santé soudanais et 20 milliards (360,5 millions de dollars) pour soutenir les familles touchées par les mesures de confinement à Khartoum.
Mesures liées à l’emploi -
• Le 15 avril, le gouvernement a annoncé une augmentation significative des salaires des employés du secteur public.
• Les ministères du Développement social, de l’industrie et du commerce et des finances aident les familles pauvres et vulnérables et atténuent les risques économiques résultant des restrictions imposées pour contenir la crise sanitaire causée par le coronavirus.
Certaines lacunes observées dans les mesures adoptées -
• La communication entre le gouvernement et la population était faible et n’était pas systématique. Cela a alimenté la conviction de la majorité des Soudanais que le virus n’atteindra pas le pays et n’infectera pas la population. Cependant, une fois que le taux d’infection atteint un pic à la mi- avril, les gens ont commencé par prendre plus au sérieux les mesures annoncées et le gouvernement a aussi amélioré sa stratégie de communication.
• Le pays fonctionne toujours de façon pseudo militaire. Cela explique l’adoption d’une structure de commandement de communication et de mise en œuvre. En tant que style de gouvernance, il approfondit l’aliénation et l’apathie, ce qui entraîne l’exclusion de nombreux Soudanais.
• Comme dans d’autres pays africains, les capacités de dépistage, de recherche des personnes de contact et de traitement des personnes infectées sont encore faibles et largement insuffisantes.
• La plupart des travailleurs de la santé (TS) ne disposent pas d’équipements de protection individuelle (EPI) nécessaires et adéquats. Bien que les travailleurs de la santé soient largement exposés à une éventuelle infection par le virus, aucun chiffre ne permet de déterminer le nombre de travailleurs de la santé infectés.
• Rien n’indique que le gouvernement engage et associe les syndicats et les associations d’employeurs aux actions de prévention et de confinement liées COVID-19. Au contraire, après l’éviction du général A l-Bashir, le Gouvernement de transition a dénoncé les syndicats et leurs dirigeants par des harcèlements et divers actes d’iintimidation.
Rôle des syndicats
Alors que les syndicats, en particulier ceux regroupés au sein de la Fédération des syndicats des travailleurs du Soudan (SWTUF), peinent à trouver de l’espace pour continuer à fonctionner pendant cette période du gouvernement de transition du Soudan, ils peuvent profiter des opportunités offertes dans la lutte contre le coronavirus pour renouveler leur pertinence pour les travailleurs et le peuple du Soudan.
• Être actif dans la mobilisation des travailleurs et du public contre Covid-19 - Développer des messages sur le Covid-19 à partager avec les travailleurs et les membres des syndicats. Les messages devraient aider à la mobilisation des travailleurs et du peuple soudanais contre le virus. Des médias et des plateformes fiables et crédibles peuvent être utilisés pour diffuser des messages tels que # restez sains et saufs et « Respectez les conseils sanitaires sur le COVID-19 ». Cela peut favoriser la visibilité des syndicats et montrer leur engagement dans la lutte contre la pandémie. Cela peut également aider à attacher des travailleurs aux syndicats et à leur faire bénéficier l’organisation.
• Soutenir le plaidoyer pour les droits de l’homme et du travail - les syndicats devraient continuer par exiger le respect des droits de l’homme et des travailleurs inscrits dans la constitution nationale soudanaise, les instruments de protection et de promotion des droits de l’homme et de la démocratie de l’Union africaine, ainsi que les conventions de l’OIT que le Soudan a ratifiée ou est tenue d’y adhérer. Les syndicats peuvent documenter et faire des rapports sur le respect des droits humains et syndicaux pendant la lutte contre COVID-19 au Soudan. De tels rapports peuvent être mis à disposition pour publication dans l’enquête sur les droits de la CSI ainsi que dans le rapport annuel de la Commission d’experts pour l’application des conventions et recommandations de l’OIT (CEACR).
• Fournir un soutien et une solidarité aux migrants et aux réfugiés - Le Soudan est un pays d’accueil, de transit et d’envoi de migrants. Les syndicats sont encouragés à offrir un refuge aux migrants et aux réfugiés. Ils peuvent collecter de la nourriture, du matériel et de l’argent à envoyer dans les camps de migrants et de réfugiés dans le cadre de leur soutien pour atténuer la situation humanitaire dramatique à laquelle ces personnes et travailleurs vulnérables sont confrontés.
• S’engager à préparer les travailleurs à un assouplissement du confinement- Tant de pays ont commencé à assouplir les mesures de confinement imposées. Les syndicats devraient jouer un rôle stratégique dans la conception de messages facilitant le confinement des travailleurs qui amélioreraient leur sécurité. Ces messages peuvent se concentrer sur la nécessité d’encourager les travailleurs à porter des masques faciaux et sur la façon de les porter et de les entretenir correctement. Les syndicats peuvent également créer une ligne verte pour que les travailleurs signalent une exposition risquée et mauvaise au COVID-19 en raison de la non-fourniture d’EPI, de problèmes de relations professionnelles tels que le non-paiement des salaires ou des réductions de revenus, etc.
• Suivi des dons et aides accordés au gouvernement pendant la crise du COVID-19 - les syndicats feront bien de surveiller les dépenses des fonds COVID-19. Être actifs et vigilants dans le suivi de ces fonds contribuera à renforcer la responsabilisation du gouvernement et une meilleure répartition des ressources pour atteindre les groupes cibles identifiés.
• Développer ses propres suggestions alternatives de relance économique post-COVID-19 - Le Soudan est un pays avec une histoire de conflits civils et une révolution récente. Le COVID-19 ne peut qu’aggraver les fragilités et accroître les tensions sociales. Les syndicats ont un rôle certain à jouer dans l’organisation et la mobilisation des travailleurs pour exiger le dialogue social dans le cadre du processus de récupération d’après COVID-19 et de la reconstruction après la révolution de 2019. Pour promouvoir un dialogue social crédible, les syndicats doivent développer leurs principales revendications pour des mesures économiques et sociales qui favorisent les besoins des travailleurs en matière d’emploi, garantissent des revenus et assurent leur protection sociale. Les syndicats doivent également envisager de développer les alliances nécessaires pour renforcer leur position dans la promotion du dialogue social. La CSI-Afrique est prête à soutenir les syndicats et les travailleurs du Soudan dans leur lutte pour l’autodétermination et le progrès de leur pays.